Aspartame et cancer : faut-il interdire cet édulcorant ?

L'aspartame, un édulcorant artificiel largement utilisé dans de nombreux produits alimentaires et boissons, est au cœur d'un débat concernant ses effets potentiels sur la santé, notamment son lien avec le cancer. Face à ces préoccupations, certaines voix s'élèvent pour demander son interdiction. Mais que disent réellement les études scientifiques ? Faut-il bannir l'aspartame de notre alimentation ? Faisons le point.

Qu'est-ce que l'aspartame ?

L'aspartame est un édulcorant artificiel découvert en 1965, utilisé pour remplacer le sucre dans divers produits en raison de son pouvoir sucrant environ 200 fois supérieur à celui du saccharose. On le retrouve notamment dans :

• Les boissons gazeuses "light" ou "sans sucre"
• Les chewing-gums
• Les desserts allégés
• Certains médicaments

Son utilisation permet de réduire l'apport calorique tout en conservant une saveur sucrée.

L'aspartame et ses dangers pour la santé

Les inquiétudes concernant le cancer

Classement par le CIRC

En juillet 2023, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a classé l'aspartame comme "peut-être cancérogène pour l'homme" (groupe 2B). Ce classement signifie qu'il existe des indications limitées de cancérogénicité chez l'homme, mais que les preuves ne sont pas suffisantes pour établir un lien causal direct.

Réactions des autorités sanitaires

Malgré ce classement, le Comité mixte d'experts des additifs alimentaires de l'OMS et de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a réaffirmé la dose journalière admissible (DJA) de 40 mg par kilogramme de poids corporel. Cela signifie qu'une personne de 70 kg peut consommer jusqu'à 2 800 mg d'aspartame par jour sans risque notable pour la santé.

De son côté, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a déclaré ne pas être d'accord avec la conclusion du CIRC, affirmant que les études disponibles ne soutiennent pas la classification de l'aspartame en tant que cancérogène possible pour l'homme.

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Les arguments en faveur de l'interdiction

Plusieurs associations européennes, telles que Foodwatch, Yuka et la Ligue contre le Cancer, appellent à une interdiction de l'aspartame, invoquant des "risques inacceptables" pour la santé humaine. Elles soulignent que, malgré les limites fixées, la consommation cumulative d'aspartame à travers divers produits pourrait dépasser les seuils recommandés, surtout chez les enfants et les consommateurs réguliers de produits "light".

Dans quels produits trouve-t-on de l’aspartame ?

Les arguments contre l'interdiction

D'autres experts estiment que les preuves actuelles ne justifient pas une interdiction totale de l'aspartame. Ils rappellent que de nombreuses études ont été menées depuis des décennies sans démontrer de lien clair entre l'aspartame et le cancer chez l'homme. De plus, ils soulignent que le classement du CIRC dans le groupe 2B inclut également des substances comme le café et les cornichons, ce qui indique un niveau de risque relativement faible.

Que disent les études scientifiques ?

Les recherches sur l'aspartame et le cancer ont donné des résultats mitigés :

• Études animales : Certaines études ont suggéré un lien entre une consommation élevée d'aspartame et l'apparition de tumeurs chez les rongeurs. Cependant, ces résultats ne sont pas nécessairement transposables à l'homme en raison de différences métaboliques et des doses extrêmement élevées utilisées dans ces études.
• Études épidémiologiques : La majorité des études menées chez l'homme n'ont pas trouvé d'association significative entre la consommation d'aspartame et le risque de cancer. Par exemple, une vaste étude menée par le National Cancer Institute aux États-Unis n'a pas révélé de lien entre la consommation de boissons édulcorées à l'aspartame et l'incidence de cancers du cerveau, du sang ou des ganglions lymphatiques.

Recommandations pour les consommateurs

Face aux incertitudes et aux débats en cours, voici quelques conseils pour les consommateurs :

• Modération : Comme pour tout additif alimentaire, il est recommandé de consommer l'aspartame avec modération. Diversifiez vos sources de sucrants et limitez la consommation de produits ultra-transformés.
• Information : Lisez attentivement les étiquettes des produits pour identifier la présence d'aspartame, souvent indiqué sous le code E951.
• Alternatives : Si vous êtes préoccupé par les potentiels risques de l'aspartame, envisagez des alternatives naturelles comme la stévia, le miel ou le sirop d'érable, tout en restant conscient de leur apport calorique.

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Le débat sur l'aspartame et son lien potentiel avec le cancer est complexe et évolutif. Bien que certaines associations appellent à son interdiction en raison de risques potentiels, les principales autorités sanitaires mondiales estiment actuellement que l'aspartame est sûr lorsqu'il est consommé dans les limites recommandées. En attendant des recherches supplémentaires, la modération et la diversification des sources de sucrants restent les meilleures approches pour les consommateurs soucieux de leur santé.