Skinnytok : derrière les vidéos “healthy” de TikTok, une obsession dangereuse de la minceur inquiète

Apparue sous le nom de "SkinnyTok", cette tendance largement diffusée sur TikTok prétend promouvoir un mode de vie sain et des astuces minceur. En réalité, elle dissimule une pression toxique autour de la minceur extrême, particulièrement dangereuse pour les adolescents. Vidéos de “what I eat in a day”, challenges minceur, témoignages de transformations radicales… ces contenus, souvent très suivis, donnent une vision idéalisée (et irréaliste) de l’alimentation, du corps et de la santé. Aujourd’hui, des professionnels de santé, et notamment des nutritionnistes et des psychologues, tirent la sonnette d’alarme : SkinnyTok pourrait alimenter des troubles du comportement alimentaire (TCA) chez les plus jeunes et mettre en danger leur santé physique et mentale.

Une tendance minceur en apparence “inspirante”… mais profondément nocive

Sur TikTok, le hashtag #SkinnyTok cumule des millions de vues, avec des vidéos mettant en scène :

• Des journées alimentaires ultra-restrictives,
• Des astuces pour “ne pas craquer”,
• Des comparaisons avant/après centrées sur la perte de poids,
• Des jeunes filles exhibant des corps très minces comme objectif.

Le tout est souvent présenté de manière douce, esthétique, voire "bienveillante", ce qui rend la tendance d’autant plus insidieuse. En toile de fond : la glorification d’un idéal minceur extrême, perçu comme synonyme de réussite, de contrôle et de beauté.

L’avertissement des experts : un terrain fertile pour les troubles alimentaires

Selon Alexandra Murcier, diététicienne-nutritionniste spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire, ce type de contenu est profondément problématique, surtout pour les adolescents.

“SkinnyTok renforce l’idée qu’il faut être mince pour être aimé, accepté ou valorisé. Chez les jeunes, qui sont en construction identitaire, cela peut créer de vrais dégâts.”

Ces vidéos banalisent des comportements dangereux :

• Sauter des repas,
• Se limiter à 800 kcal par jour,
• Compter obsessivement les calories,
• Se peser plusieurs fois par jour,
• Pratiquer du sport de manière excessive.

Des conséquences bien réelles chez les adolescents

Les professionnels de santé observent une hausse des troubles du comportement alimentaire, comme :

• L’anorexie mentale,
• La restriction cognitive extrême,
• La boulimie et les compulsions suivies de culpabilité,
• L’hypercontrôle alimentaire, même chez des enfants très jeunes.

Le tout dans un climat de culpabilité permanente, où manger devient une source d’angoisse.

Pourquoi TikTok amplifie le phénomène

Le format court, le ton viral et l’algorithme de TikTok poussent naturellement les contenus sensationnalistes ou très visuels, qui peuvent rapidement toucher des adolescents vulnérables.

Ceux qui regardent une vidéo “SkinnyTok” verront automatiquement apparaître des dizaines d’autres dans le même esprit. Résultat : un effet d’enfermement algorithmique, renforçant le mal-être et les comportements à risque.

Que peuvent faire les parents ?

Les spécialistes recommandent une vigilance active, mais surtout un dialogue bienveillant.

Quelques conseils :

• Éviter les jugements ou les interdictions brutales, qui renforcent le repli ou la dissimulation.
• Poser des questions ouvertes : “Qu’est-ce que tu ressens quand tu regardes ce type de contenu ?”
• Encourager une relation saine à l’alimentation et au corps dès le plus jeune âge.
• Surveiller les signaux d’alerte : isolement, perte de poids rapide, fatigue, changements dans les habitudes alimentaires.

Quand la minceur devient une injonction toxique

Ce que la tendance #SkinnyTok met en lumière, c’est l’impact de plus en plus puissant des réseaux sociaux sur l’image corporelle et la santé mentale des jeunes.

Sous couvert de “motivation” ou de “discipline alimentaire”, ces contenus renforcent des normes inaccessibles, culpabilisent les corps réels, et peuvent entraîner des troubles graves.

Informer, dialoguer et éduquer sont les armes les plus efficaces pour protéger nos adolescents, sans diaboliser les réseaux sociaux, mais en leur redonnant un regard critique.

Et si on remplaçait le culte de la minceur par la célébration de la diversité corporelle, de la santé mentale et du respect de soi ?