Tout savoir sur l'aphantasie

Fermez les yeux et imaginez une plage, un ciel bleu, ou le visage d’un être cher. Pour la majorité des gens, ces images mentales sont spontanées et vivides. Mais pour une minorité de personnes, cette capacité à visualiser mentalement n’existe pas. C’est ce qu’on appelle l’aphantasie. Ce phénomène longtemps méconnu intrigue de plus en plus les chercheurs, notamment en neurosciences et en psychologie cognitive. Que signifie concrètement être atteint d’aphantasie ? Quels en sont les impacts sur la vie quotidienne ? Est-ce un handicap ou simplement une autre manière de penser ? Voici tout ce qu’il faut savoir sur ce fonctionnement cérébral particulier.

Qu’est-ce que l’aphantasie ?

Une absence d’imagerie mentale

L’aphantasie désigne l’incapacité à générer volontairement des images mentales. Lorsqu’une personne atteinte ferme les yeux pour se représenter un objet, une scène ou un souvenir visuel, elle perçoit... du noir. Contrairement à une idée reçue, il ne s’agit pas d’un trouble de la vue ou d’un problème neurologique évident, mais d’un mode de fonctionnement cérébral différent.

Le terme « aphantasie » a été popularisé en 2015 par le professeur Adam Zeman, neurologue à l’université d’Exeter. Toutefois, des descriptions similaires existaient déjà au XIXe siècle.

Comment diagnostiquer l’aphantasie ?

Il n’existe pas de test clinique standardisé pour poser un diagnostic. Les personnes concernées prennent souvent conscience de leur différence par hasard, en découvrant que la majorité des gens peuvent « voir dans leur tête ». Le questionnaire de Vividness of Visual Imagery (VVIQ), utilisé en recherche, permet d’évaluer la vivacité de l’imagerie mentale, mais repose sur l’auto-évaluation.

Quels sont les types d’aphantasie ?

Une condition variable

L’aphantasie n’est pas toujours totale. Certaines personnes ne peuvent pas créer d’images mentales visuelles, mais conservent d’autres formes d’imagerie : sonore (imaginer une mélodie), kinesthésique (ressentir un mouvement), olfactive ou verbale.

Dans les cas d’aphantasie complète, toutes les modalités de l’imagination sont absentes, ce qui reste relativement rare.

Aphantasie congénitale ou acquise

La majorité des personnes aphantes l’ont toujours été, sans le savoir. On parle alors d’aphantasie congénitale. D’autres peuvent la développer après un traumatisme crânien, un AVC ou un stress intense : on parle alors d’aphantasie acquise. Ces formes sont souvent plus invalidantes, car la personne remarque un avant et un après.

Quels sont les impacts de l’aphantasie dans la vie quotidienne ?

Mémorisation et apprentissage

Les aphantes mémorisent différemment. Là où d’autres visualisent mentalement un schéma ou une carte, ils se basent davantage sur des repères verbaux, logiques ou auditifs. Cela ne les empêche pas d’apprendre efficacement, mais demande parfois des stratégies d’adaptation particulières.

Rêves et créativité

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les aphantes peuvent faire des rêves visuels, même s’ils les décrivent souvent comme plus flous ou moins fréquents. Côté créativité, ils ne sont pas freinés : nombreux sont les écrivains, scientifiques ou musiciens qui présentent une aphantasie. Leur imagination ne passe tout simplement pas par l’image.

Relations sociales et émotions

Certaines personnes disent avoir plus de mal à se remémorer un visage ou un souvenir émotionnel fort. D’autres affirment ne pas ressentir de gêne particulière. Cela dépend beaucoup du niveau de conscience qu’elles ont de leur fonctionnement et de leur capacité à compenser.

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L’aphantasie est-elle un handicap ?

Une différence plutôt qu’un trouble

L’aphantasie n’est pas considérée comme une pathologie, mais plutôt comme une variation neurocognitive. Elle ne nécessite ni traitement ni prise en charge médicale, sauf dans les cas d’aphantasie acquise, où un accompagnement psychologique peut être utile.

Ce fonctionnement particulier peut avoir des avantages : les personnes aphantes sont parfois moins sensibles aux images mentales intrusives, comme dans le cas des traumatismes ou des ruminations anxieuses.

Comment stimuler facilement sa mémoire ?

Une meilleure reconnaissance aujourd’hui

Avec les témoignages de plus en plus nombreux et les recherches en plein essor, l’aphantasie sort peu à peu de l’ombre. Elle est aujourd’hui mieux comprise, et reconnue comme une composante de la diversité cognitive humaine, à l’image du haut potentiel ou du trouble de l’attention.

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L’aphantasie est une particularité fascinante du cerveau humain. Bien que certaines personnes découvrent tardivement qu’elles ne « voient pas dans leur tête », cela ne les empêche pas de vivre, d’apprendre, de créer ou de rêver. En comprenant mieux ce mode de fonctionnement, on enrichit notre vision de l’intelligence et de la diversité mentale. Que l’on visualise mentalement ou non, chacun possède ses propres ressources pour appréhender le monde et y trouver sa place.