Tout savoir sur la parcoprésie : la peur d’aller à la selle
Par Catherine Duchamps
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La parcoprésie, un trouble peu connu mais bien réel, désigne la peur d’aller à la selle en dehors de chez soi, souvent en présence d’autres personnes ou dans des toilettes publiques. Cette peur peut sembler anodine pour certains, mais elle peut devenir très handicapante pour ceux qui en souffrent. La parcoprésie touche aussi bien les hommes que les femmes, et se manifeste généralement par une incapacité à déféquer en dehors d’un environnement perçu comme sûr, souvent chez soi. Dans cet article, nous allons explorer les causes de la parcoprésie, ses symptômes, ainsi que des solutions pour la gérer au quotidien.
Qu'est-ce que la parcoprésie ?
La parcoprésie est une forme de trouble anxieux qui concerne l’acte d’aller à la selle. Ce trouble peut varier en intensité, allant d’un simple inconfort lorsqu’il s’agit d’utiliser des toilettes publiques, à une incapacité totale à déféquer en dehors de son domicile. Contrairement à une gêne passagère liée à des circonstances particulières, la parcoprésie est une peur persistante et irrationnelle qui peut altérer considérablement la qualité de vie.
Bien que ce trouble ne soit pas officiellement reconnu dans le DSM-5 (le manuel des troubles mentaux), il est souvent associé à la parurésie, qui est la peur d’uriner en présence d’autrui. Ensemble, ces troubles sont parfois regroupés sous le terme de "syndromes de timidité du sphincter".
Comment se manifeste la parcoprésie ?
Les personnes souffrant de parcoprésie peuvent ressentir une anxiété intense à l’idée d’aller à la selle en dehors de leur zone de confort (généralement à la maison). Les situations qui déclenchent cette anxiété incluent souvent :
- Les toilettes publiques : La simple idée d’utiliser des toilettes dans un lieu public peut provoquer un blocage.
- La présence d'autres personnes : Même en étant chez un ami ou un proche, la proximité d'autres personnes peut empêcher la personne de se soulager.
- Les situations de voyage ou les événements sociaux : Les longs trajets, les séjours à l’hôtel, ou les sorties en groupe peuvent devenir sources d’angoisse.
Les symptômes incluent souvent une incapacité à se détendre suffisamment pour déféquer, même en ressentant un besoin pressant. À cause de cela, certains préfèrent retarder l'acte jusqu'à ce qu’ils soient dans un environnement plus confortable, ce qui peut entraîner des complications physiques.
Les causes de la parcoprésie
Comme pour beaucoup de troubles anxieux, les causes de la parcoprésie peuvent être multiples et varier d’une personne à l’autre. Voici quelques explications possibles :
1. L’anxiété sociale
La parcoprésie est souvent associée à une forme d’anxiété sociale. Les personnes qui en souffrent ont peur d’être jugées ou observées lorsqu’elles sont dans une situation intime, comme celle d’aller aux toilettes. Cette peur peut être exacerbée par l’idée que d’autres personnes pourraient entendre des sons ou sentir des odeurs, ce qui engendre une honte ou un embarras.
2. Un contrôle excessif
Certaines personnes atteintes de parcoprésie développent une obsession du contrôle, y compris celui de leur corps. Aller à la selle est perçu comme une perte de contrôle temporaire, une situation vulnérable qu’elles préfèrent éviter en dehors d’un cadre sécurisé (leur domicile).
3. Des expériences traumatisantes
Certaines personnes développent une parcoprésie à la suite d’une expérience traumatisante vécue dans leur enfance ou à l’adolescence. Cela peut inclure des moqueries après un "accident" ou une humiliation subie dans un lieu public. Ces expériences peuvent laisser une empreinte durable et conduire à des peurs irrationnelles associées à l’acte d’aller à la selle en public.
4. Les normes sociales et culturelles
Dans certaines cultures ou familles, parler de ses besoins physiologiques ou de l’intimité des toilettes est tabou. Une éducation trop stricte ou des valeurs familiales rigides autour de la propreté et de la discrétion peuvent nourrir des sentiments de honte liés à l’acte de déféquer, contribuant ainsi à l’apparition de la parcoprésie.
Les conséquences physiques et psychologiques de la parcoprésie
Souffrir de parcoprésie n’a pas seulement un impact sur le bien-être mental, mais peut aussi affecter la santé physique.
1. La constipation
L'une des conséquences les plus fréquentes de la parcoprésie est la constipation. Le fait de retarder volontairement l'acte d'aller à la selle peut perturber le fonctionnement normal du système digestif. À long terme, cela peut entraîner des problèmes de constipation chronique, des douleurs abdominales, voire des hémorroïdes.
2. L’isolement social
Les personnes atteintes de parcoprésie peuvent éviter certaines situations sociales ou voyages par peur de ne pas pouvoir utiliser les toilettes en toute sécurité. Cela peut mener à un isolement social, à une baisse de l’estime de soi et à des sentiments de dépression.
3. L’impact sur la vie quotidienne
Ce trouble peut également affecter la vie quotidienne et professionnelle des personnes qui en souffrent. Certains peuvent éviter de sortir pendant de longues périodes ou refuser des invitations à des événements sociaux de peur de devoir utiliser des toilettes publiques.
Comment surmonter la parcoprésie ?
Bonne nouvelle : la parcoprésie, bien qu’handicapante, peut être surmontée avec de la patience et les bonnes approches thérapeutiques. Voici quelques solutions pour y faire face.
1. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
La thérapie cognitivo-comportementale est l’une des méthodes les plus efficaces pour traiter les troubles anxieux comme la parcoprésie. Cette approche vise à identifier et à modifier les pensées négatives ou irrationnelles qui alimentent la peur. En travaillant avec un thérapeute, le patient apprend à affronter ses peurs graduellement, dans un environnement sécurisé, ce qui permet de désensibiliser progressivement la personne à l’anxiété.
2. La relaxation et la respiration
Des techniques de relaxation et de gestion du stress peuvent également aider. Apprendre à respirer profondément et à détendre les muscles peut réduire l’anxiété dans les moments de tension. Ces techniques peuvent être particulièrement utiles dans des environnements où l’anxiété monte, comme dans des toilettes publiques.
3. L’exposition progressive
Une autre technique consiste à s'exposer progressivement à des situations anxiogènes, en commençant par des situations moins stressantes. Par exemple, une personne pourrait d’abord essayer d’utiliser des toilettes chez un ami proche, puis dans un lieu semi-public, et enfin dans un endroit totalement public. Cette exposition progressive permet de désensibiliser les peurs liées à l’acte de déféquer en dehors de chez soi.
4. Les habitudes alimentaires et l’hydratation
Améliorer son alimentation et son hydratation peut aussi faciliter la digestion et rendre le processus plus naturel, ce qui diminue le stress associé à l'acte de déféquer. Manger des fibres, boire suffisamment d’eau et avoir une routine régulière pour aller à la selle peuvent aider à réduire les symptômes de la parcoprésie.
5. L’hypnose
L’hypnose peut être une solution complémentaire pour les personnes souffrant de parcoprésie. Cette approche vise à reprogrammer les schémas de pensée et à dissocier l’anxiété de l’acte d’aller à la selle. L’hypnose peut aider à renforcer la confiance en soi et à réduire l’anxiété dans des situations spécifiques.
Fréquence des selles : quand s'inquiéter ?
La parcoprésie est un trouble qui peut sembler anodin, mais qui peut devenir particulièrement handicapant pour ceux qui en souffrent. L’incapacité à aller à la selle en dehors d’un cadre perçu comme sûr, combinée à une anxiété sociale et à une peur du jugement, peut avoir un impact considérable sur la vie quotidienne. Cependant, il est important de se rappeler que des solutions existent. La thérapie, la relaxation, et des changements progressifs dans le comportement peuvent aider à surmonter cette peur irrationnelle.
Si vous ou un proche souffrez de parcoprésie, n’hésitez pas à consulter un professionnel de la santé pour discuter des options de traitement. Il est possible de retrouver une vie plus sereine et de ne plus être prisonnier de cette anxiété.
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